Historien de la vigne et du vignoble de la Côte des Bar, Serge Wolikow est intervenu, samedi 27 Avril, à la demande de l’association Celles, histoire et patrimoine.

Serge Wolikow, devant une cinquantaine de membres de l’association Celles, histoire et patrimoine.

Avec “Côte des Bar en Champagne, histoire des terroirs et des hommes” paru en 2023 avec le plein soutien de l’association professionnelle Cap’C, Claudine et Serge Wolikow ont doté ce terroir de Champagne d’un outil irremplaçable et sans doute unique dans la France viticole. Deux siècles d’histoire, fondés sur plusieurs décennies de recherches rigoureuses, qui n’omettent aucun aspect de cette folle aventure collective : les chiffres, les faits, les hommes, les combats et même l’imaginaire né de cette histoire complexe.

L’universitaire était, samedi 27 Avril, l’invité de l’association Celles, histoire et patrimoine et de sa présidente, Jeanne Delot, pour évoquer une histoire qu’il connaît sur le bout des doigts et que des chiffres bruts suffisent à caractériser. Dans la Côte des Bar, la vigne c’est 20 000 hectares en 1830 ; 12 000 hectares en 1902 après la crise du phylloxéra ; 16 500 en 1914 après début de replantation ; 3 000 en 1930 ; 1 700 en 1950… C’est dire qu’il y a très loin de 1927 – la réintégration de l’Aube dans l’aire d’appellation champagne – à la prospérité.

À la fin des années 1950, l’opiniâtreté des hommes trouve des conditions plus favorables. Les coopératives assoient leur notoriété, le nombre des récoltants-manipulants augmente, la profession rajeunit, le territoire trouve une nouvelle attractivité.

« 1911, un élément de fierté »

Serge Wolikow est revenu sur quelques grands faits dont certains étonnent ceux qui ne sont pas du cru. Le gamay – cépage noir – dont la Côte des Bar aura tant de mal à se débarrasser. Le SGV – Syndicat général des vignerons – qui prend d’abord parti pour la Marne au début du XXe, avant de devenir un moteur dans le renouveau du vignoble aubois dans la seconde partie du siècle. L’importance de Gaston Cheq dans l’affirmation du vignoble aubois de Champagne, encore sous-estimée. La célébration du centenaire de la Révolte de 1911 qui marque une évolution : les vignerons qui voulaient oublier les années noires, vont en faire un atout. « On accepte ce passé, on le revendique : c’est maintenant un élément de fierté… », note l’historien.

De la lutte aux réjouissances

La confrérie du Saulte-bouchon champenois est directement inspirée de l’exemple bourguignon de la confrérie du Tastevin, fondée en 1935, explique Serge Wolikow. Ce folklore est nécessaire à l’affirmation de l‘identité de la Côte des Bar, qui passe par les premières fêtes du champagne, nées dans les années 1960, et par les Saint-Vincent de village ou de vignobles, pour arriver à la Route du champagne en fête et Cap’C aujourd’hui.

Les temps sont à un œnotourisme qui a la vertu de tenir compte aussi des autres richesses du territoire. Si la Côte des Bar est constituée d’un ensemble de vallées viticoles, ce sont encore une histoire très riche, un patrimoine architectural fabuleux, un patrimoine mobilier remarquable, et tous parlent à leur manière de la vigne et du vin…

Certes, la fête n’exclut pas l’inquiétude quant à l’avenir. Un seul chiffre : 25 à 40 % du commerce du champagne à l’international sont détenus un seul consortium du luxe. « Alors que le champagne ne représente que 4 % des bénéfices de ce même groupe », a complété un auditeur. C’est le mérite d’une intervention réussie que de susciter la réflexion du public.

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