Annoncée depuis plusieurs semaines, l’Association des cadoles de Champagne (ACDC) a été lancée officiellement hier aux Riceys. Son but : restaurer des cadoles en ruine et en faire la promotion.
Le chantier s’annonce colossal. Et son financement incertain.
On dit qu’un mariage pluvieux est un mariage heureux. Aujourd’hui, ce n’est pas un mariage, c’est une naissance… J’espère que cet adage fonctionne aussi pour les naissances ! » Le maire des Riceys, Laurent Noirot, était d’humeur blagueuse à l’heure de présenter le projet de l’ACDC, hier matin.
QUI ?
Ne cherchez pas de guitare électrique où une célèbre casquette vue sur scène dans le local d’ACDC : l’association n’a aucun rapport avec le mythique groupe de rock australien. « La référence est volontaire », confesse Laurent Noirot dans un sourire. Derrière cet acronyme, il fallait bien sûr lire Association des cadoles de Champagne. Ça fait peut-être moins rêver qu’un solo d’Angus Young, mais le projet est d’une importance cruciale pour le patrimoine barséquanais. Sa création a été officialisée hier, aux Riceys.
QUOI ?
« L’association est née de cette volonté de préserver et de valoriser le patrimoine des cadoles* », décrit Marie Cousin, sa présidente. Avec pour point de départ cet inventaire fastidieux des loges (l’autre nom des cadoles, NDLR), début 2020, par la Mission Coteaux, maisons et caves de Champagne Patrimoine Mondial.
L’étude de sept communes, Bagneux-la-Fosse, Celles-sur-Ource, Courteron, Essoyes, Gyé-sur-Seine, Les Riceys et Neuville-sur-Seine, a permis d’identifier 150 cadoles. Et beaucoup « sont à l’état de ruine », affirme cet inventaire. « C’est ça qui a donné l’impulsion », reconnaît Marie Cousin.
POURQUOI ?
L’objectif est clair : restaurer ces cadoles, et les faire davantage connaître. L’ACDC sera leur ange gardien. « À défaut d’avoir la mer ou la montagne, on s’appuie sur nos ressources pour développer le tourisme dans le département. Et les cadoles en font partie », plaisante Valéry Denis, vice-président du Département en charge du tourisme.
À terme, l’association envisage de créer des sentiers de randonnée, accompagnés de signalétiques claires, et de proposer conférences et manifestations de janvier à décembre.
L’ACDC s’attellera aussi à « sensibiliser les propriétaires à la nécessité de les protéger, les entretenir et les restaurer », de faire mieux connaître les métiers de la pierre sèche et de favoriser la transmission du savoir-faire, en lançant des actions de formation.
QUAND ?
Ça, c’est pour l’avenir. Il faudra d’abord remettre ces cadoles en état avant de penser à les valoriser. Ce sera la mission principale de cette association. « On veut restaurer 40 cadoles sur les cinq années qui viennent , expose Marie Cousin. 30 sont publiques et 10 privées. Dans un premier temps, on va définir celles à refaire en priorité. » Elle espère débuter les restaurations « dès 2024 ».
COMBIEN ÇA COÛTE ?
L’association estime avoir besoin « de 120 000 € par an » pour pouvoir tenir cet objectif. Le coût moyen pour la restauration d’une cadole est évalué à 25 000 €, « mais toutes ne nécessitent pas d’être restaurées, tempère la présidente de l’ACDC. Certaines doivent être gardées à l’état de ruine.
C’est l’aboutissement de leur vie ; notre but n’est pas de tout remettre à neuf. » La question du financement est une des grandes inconnues, outre le soutien de la Fondation du patrimoine. « Aura-t-on des mécènes ? Des propriétaires privés voudront-ils participer au financement de l’opération ? »
* Une cadole, ou loge, est une construction en pierre sèche.