Onze des quatorze fondateurs sur ce cliché ancien, on reconnaît Paul Douet, Gustave Valnot, Francis Harvier, Marie Jojot, Léon Prunier, Gabriel Desseard, Émile Régley. En bas: Eugène Prunier, Fernand Briet, Émile Gruest et Émile Quenedey.

Le 10 juin prochain, aux Riceys, l’on fêtera 100 ans de coopération. Les portes de l’ancienne cave coopérative des Riceys seront ouvertes au public. On pourra visiter les lieux, déguster, se restaurer et profiter d’animations musicales ou découvrir avec Serge Wolikow l’histoire de la coopération et son rôle dans l’histoire du vignoble des Riceys.

Cette célébration aurait dû avoir lieu en 2022. Or, la crise sanitaire, les circonstances et la fusion des coopératives du secteur pour devenir l’Union auboise, Vignerons en Champagne, ont freiné Christian Jojot, ancien président de ladite cave, instigateur, et ses amis coopérateurs dans leur élan. « J’ai toujours milité pour la fusion et je suis content qu’on soit parvenu à cette grande structure. Je suis sûr que les fondateurs de la cave coopérative des Riceys auraient eux aussi milité pour cela. On a besoin d’une coopération forte, et nos racines sont toujours là ! », assène celui qui est désormais vice-président de l’Union auboise, Vignerons en Champagne.

La coopération a commencé localement en 1922 avec quatorze vignerons qui ont créé la Cave coopérative des Riceys. « Grâce à de nouvelles recherches notamment dans la Dépêche de l’Aube et au sein du Collectif du mouvement ouvrier aubois (CEMOA), nous avons fait de nouvelles découvertes et à mon sens, cela justifie en premier lieu l’ajout du mot cave devant coopérative, en référence au Sud de la France », reprend Christian Jojot.

Il a en effet retrouvé des écrits mentionnant Gustave Valnot et Ferdinand Defilli, deux des fondateurs et deux hommes importants pour le vignoble riceton, qui séjournèrent dans le midi pour visiter, en 1906, une cave coopérative et voir comment elle fonctionnait.

Un peu d’histoire

Avant 1914, le vignoble des Riceys – comme sur l’ensemble du département – n’était que l’ombre de lui-même. Les crises sanitaires, mais aussi la mévente des vins et la sortie de l’aire d’appellation ont conduit à de hautes luttes dont la fameuse révolte des vignerons de 1911. L’Aube fut réintégrée en 1927.

Ferdinand Defilli, premier président de la cave coopérative des Riceys a créé dès 1912 le syndicat des vignerons de l’Aube dirigé par un certain. Gaston Checq qui avait mené la révolte. Et Christian Jojot de poursuivre : « Ces hommes se sont battus. Ils étaient courageux, visionnaires et l’ensemble de ces circonstances les ont poussés à lancer la coopération pour vinifier en commun, obtenir des prix rémunérateurs et viser toujours plus de qualité. La qualité des vins des Riceys a toujours été au cœur de leurs préoccupations. Ils sont l’exemple qui m’a soutenu dans mon engagement coopératif. »

L’évolution dans les années 60

La cave coopérative des Riceys est donc née en 1922. Elle a grandement évolué et profité de chacune des époques pour grandir. Après la Seconde Guerre mondiale, elle disposait de locaux dans chacun des trois bourgs.

Tout était à construire avec un vignoble d’à peine 200 ha. La viticulture n’était d’ailleurs pas une source de revenus suffisante pour vivre. Certains ont cru néanmoins en la vigne et surtout au rosé des Riceys. Ils ont racheté des friches. « Les responsables de la Cave coopérative se sont engagés fortement pour la constitution de cette appellation Rosé des Riceys. Nous savons que cela ne s’est pas fait sans heurts. À cette époque, les coopérateurs étaient appelés les Rouges », pointe-t-il encore, citant des divergences politiques.

« La coopération, c’est une affaire d’hommes et de femmes qui prennent leur destin en main »

L’évolution fut notable dès les années 60. L’essor du champagne nécessita de replanter de la vigne. Les récoltes étaient meilleures. Et c’est là que les coopératives ont vu le nombre d’adhérents croître. En 1965, le conseil d’administration de la cave coopérative acquiert un vaste terrain à Ricey-Haute-Rive pour installer deux ans plus tard un centre de pressurage moderne.

Un constant développement

C’est sur ce site que la cave coopérative s’est, au fil du temps, développée. L’évolution s’est également faite en matière de commercialisation sous la marque Marquis de Pomereuil. La coopérative a rejoint l’union des coopératives auboises (UCAVIC) et le centre vinicole de Chouilly (union des coopératives champenoises). « Ces unions étaient destinées à stocker et élaborer des champagnes de qualité pour les vignerons coopérateurs », souligne Christian Jojot.

Dans les années 80, les marques ont pris leur envol et comme le rappelle ce dernier, la coopération permet à de nombreux vignerons de devenir récoltants-manipulants. Mais la coopération garde son rôle important dans les équilibres champenois. Les évolutions se poursuivent pour coller au contexte économique et les coopératives s’organisent à cet égard rendant de nombreux services aux adhérents.

De tout cela, il sera question le 10 juin. L’occasion de regarder le passé pour « écrire de nouvelles pages ». « La coopération c’est une affaire d’hommes et de femmes qui prennent leur destin en main tout en gardant à l’esprit certaines valeurs essentielles de travail en commun, de respect mutuel qui ont permis au travers des générations d’arriver là où nous en sommes », conclut Christian Jojot qui espère que le public répondra à son invitation.

Le programme précis de cette journée sera ultérieurement communiqué