« Avec la date historique, on avait toujours des soucis pour réunir les vignerons, occupés aux vendanges, et trouver des exposants, reconnaît Régis Renard. Aujourd’hui, tout le monde est gagnant.» – Archives

Bar-sur-Aube: près de 70 ans après, c’est toujours la foire des bulles (et de la gastronomie)

C’est le rendez-vous traditionnel post vendanges, et de rentrée. Ce week-end, les 23 et 24 septembre, la 67e édition de la foire Bulles et Gastronomie devrait attirer entre 2 et 3 000 visiteurs dans les rues de Bar-sur-Aube. Une foire qui a su se réinventer, pour perdurer.

« Un mois de septembre sans la foire de Bar-sur-Aube, ça n’irait pas ! », scande Régis Renard, adjoint au maire, chargé notamment de l’animation de la cité. À l’instar de la Fête de la choucroute de Brienne-le-Château ou de la Foire à l’oignon de Chavanges, Bulles et Gastronomie a su résister aux affres du temps. La Ville célébrera sa 67e édition ce week-end, les 23 et 24 septembre.

Le changement de date et de formule, en 2018, a été salvateur

Savoir durer, c’est aussi savoir s’adapter, quitte à bouleverser les habitudes. Dans la foulée de l’édition 2018, la municipalité a repensé la foire de Bar-sur-Aube.

La décision la plus forte fut de sacrifier la date historique de la foire (dans sa version contemporaine), celle du premier week-end de septembre, pour préserver son attractivité. « Les raisons étaient multiples, décrypte Régis RenardOn avait toujours des soucis pour réunir les vignerons, occupés à leurs vendanges tombant en même temps, et trouver des exposants. Ça faisait doublon avec des foires de régions voisines. Résultat, on n’avait pas trop de marchands venant s’installer… » Et ceux faisant le déplacement pouvaient repartir frustrés – « C’était le week-end de rentrée scolaire, les visiteurs n’avaient plus spécialement le budget pour faire des achats ».

La Ville a aussi rendu les emplacements gratuits pour les exposants, « pour s’assurer un panel diversifié et nombreux », et rompu une deuxième fois avec son passé en renommant l’événement. L’historique foire aux Bulles a laissé la place à la foire Bulles et Gastronomie.

Quand la foire de Bar-sur-Aube voulait imiter la choucroute de Brienne

Avec cette nouvelle formule et cette nouvelle date, le dernier week-end de septembre, « tout le monde est gagnant, se réjouit l’adjoint au maire. On a plus de monde qu’avant. Que ce soit les visiteurs, les vignerons (ils étaient 14 en 2019 et 10 l’an dernier contre cinq en 2017 et sept en 2018), ou les exposants. » Ils seront plus d’une centaine ce week-end. « Ça nous permet aussi de rester le rendez-vous phare de fin de vendanges. »

« L’attractivité de Bar-sur-Aube a très longtemps reposé sur ses foires, reconnaît Régis Renard. 

On y est donc très attachés. » L’histoire d’amour avec leur petite sœur contemporaine dure depuis près de 70 ans. Déjà. « Ça a toujours été LE rendez-vous où les habitants du canton se retrouvent après les vendanges où les vacances, autour d’une coupe ou d’un verre. » C’est aussi la date que cochent tous les concessionnaires automobiles de la ville. « Pendant de longues années, traditionnellement, c’était la période faste pour vendre des voitures, se souvient Régis Renard. 

Dans les années 80-90, quand j’étais jeune, sans les moyens de communication d’aujourd’hui, les sites internet, les magazines spécialisés où toutes ces publicités, les habitants attendaient ce moment pour découvrir les nouveautés, et changer de voiture. Souvent, d’ailleurs, peu après la foire, on voyait passer ces nouvelles autos dans Bar-sur-Aube. Et si on n’était pas satisfaits de notre achat, on la remplaçait la semaine suivante à la foire de Brienne-le-Château!»

Les élus l’ont appris à leurs dépens. Cette nouvelle formule lancée en 2019 fait figure d’exception : le Barsuraubois n’aime pas les changements. « C’est compliqué de changer les habitudes, sourit l’adjoint au maire. Il n’y a pas de concurrence avec la Fête de la choucroute de Brienne-le-Château (dont la date est historiquement proche), mais on a essayé de s’en inspirer. On a créé nous aussi un circuit dans la ville, il y a quelques années, en faisant passer les visiteurs par la rue Thiers, où derrière l’église, mais ça ne prend pas à Bar-sur-Aube. » On ne touche pas à cette rue Nationale grouillant d’exposants, centre névralgique de la foire (avec le récent village champagne des Halles).

Il fût même une époque où Bar-sur-Aube a tenté de créer un plat local gastronomique signature pouvant concurrencer la sacro-sainte choucroute briennoise. Le pari était audacieux. « Ils ont notamment essayé le coq au champagne, ou la potée champenoise. Ça n’a jamais vraiment pris… » Tant pis pour l’influence briennoise. Chacun sa spécialité, et les foires seront bien gardées. Depuis qu’elle est aux commandes, en 2016, la Ville a préféré miser sur une valeur sûre, sur son produit phare, sa choucroute à elle : les bulles de champagne. On vous l’a dit, le Barsuraubois n’aime pas les changements… sauf quand on dégaine la carte maîtresse.

Le Champagne. Est-ce un hasard si le village champagne sorti du chapeau en 2017 par la mairie pour redynamiser la foire Bulles et Gastronomie, sous les Halles, est devenu incontournable ? Probablement pas. Que la Ville en fasse une tête de gondole – « On s’est recentrés dessus » – depuis la disparition du très populaire concours de cuisine ? Non plus.

Ils devraient être « entre 2 000 et 3 000 » ce week-end pour la foire, 67e  du nom. Quelque chose nous dit qu’ils ne seront pas nombreux à être passés à côté de leur sacro-sainte coupe du Champagne.