Le soleil a vite brillé sur les coteaux de la vigne de Celles-sur-Ource, rendant la tâche des candidats moins pénible.

Les candidats ont eu la chance d’avoir une météo clémente pour passer leur examen de taille.

Cette année, sur toute la Champagne, les chiffres sont stables après avoir baissé ces dernières années.

Mars est le mois de la taille.

Dans les vignes, on s’active mais il y avait un peu plus d’animation qu’à l’ordinaire sur les parcelles de Michel Furdyna, au lieu-dit La Loge à Celles-sur-Ource, hier. Il s’agissait en effet de l’examen pour obtenir le certificat d’aptitude à la vigne de la Corporation des vignerons de Champagne.
« Un diplôme reconnu par la profession viticole, inscrit dans la convention collective des Maisons de champagne et exploitations viticoles, et une spécificité régionale forte » , confirme le directeur Bruno Duron, qui cite les annonces d’emploi nombreuses à préciser cette mention.

Des candidats motivés

Cette année, ils étaient 81 à passer cet examen (73 l’an passé). Certains candidats, comme Maxime, viennent à la demande de leur employeur, ou pour avoir cette qualification et un salaire plus élevé, comme Vladimir. D’autres souhaitent reprendre l’exploitation familiale ou s’y investir. Tous jugent que la formation est complète avec de la théorie et de la pratique suivant plusieurs formules, selon que l’on soit déjà salarié viticole, candidat libre ou bien encore en recherche d’emploi.

On y voit les principes de taille bien sûr mais aussi le vocabulaire en lien, les principales étapes de travail suivant le cycle annuel de la vigne, la réglementation en Champagne, les maladies observables et quelques notions de biologie de la vigne. « Nous avions un bon groupe. Ils étaient motivés, et nous avons été gâtés par la météo », précise Olivier Euillot, formateur et chef d’orchestre sur la Côte des Bar. Le travail personnel en dehors des cours est indispensable. « Faut s’exercer ! », ponctue Vladimir.

Des exigences à avoir d’emblée

Un membre du jury, Gaëtan Lopez, reconnaît même qu’une cinquantaine d’heures, « c’est court ». « Pour savoir vraiment tailler, il faut au moins cinq ans », estime celui qui fera preuve sans aucun doute d’un peu d’indulgence sur certaines choses, mais ne transigera pas sur la réglementation. Car le certificat d’aptitude à la taille de la vigne a une valeur.

L’examen comporte trois épreuves un écrit réalisé en amont ; un oral juste après la pratique qui consiste à tailler huit pieds de vigne en une quarantaine de minutes dans les règles de l’art et pour chacune des tailles Cordon de Royat, Chablis et Guyot.

« C’est stressant, on fait des erreurs que jamais on n’a faites auparavant » , lâche une candidate. « C’est un bon apprentissage en tout cas ! » , souligne pour sa part Sixtine.

Pour la première sur une journée

Une fois taillés, les pieds sont examinés par les quatre membres du jury dont des formateurs et professionnels.
Ils ont l’œil et rapidement évaluent les fautes. Depuis une quarantaine d’années, Antonio Ferreira fait partie du jury et il apprécie cette mission. Il a été également formateur et continue d’aider pour les examens blancs ou autres : « C’est sympa ! On leur montre ce qu’on nous a appris c’est important.

L’examen a évolué au fil de temps, c’est bien aussi. » Et de citer les huit pieds à tailler au lieu de deux ; ce qui donne plus de chance aux candidats, ou l’examen chacun son tour avant ; ce qui était très long. Cette année, même pour la première fois, deux groupes ont été composés pour une session d’examen le matin ; une autre l’après-midi. « On avait testé la formule pendant le Covid et ça convenait à tout le monde.

Pour l’organisation, c’est simple et c’est à taille humaine », éclaire Bruno Duron, qui n’exclut pas de voir arriver une application pour remplacer la notation sur papier, pourtant jugée très pratique.
Cet examen de la Corporation des vignerons est le dernier en Champagne. D’ici une dizaine de jours, tous les candidats sauront s’ils ont obtenu le fameux sésame.