Côte des Bar. Des vignerons et bénévoles cultivent une parcelle de vigne dont l’intégralité des bénéfices   va aux plus démunis. Ensemble, ils ont réussi à fédérer de nombreuses autres personnes.
En 1984, l’abbé Lipp, curé de Celles-sur-Ource, a réveillé les consciences des vignerons en les sensibilisant à la pauvreté, à la famine dans le Sahel aussi, et aux déséquilibres dans le monde. Ces derniers lui ont répondu de belle manière, en créant l’année suivante l’association La Vigne du partage. Une parcelle de vigne est ainsi cultivée à Buxeuil, avec le moins de frais possible pour que les revenus profitent aux plus démunis via le CCFD-Terre solidaire, le Secours catholique et deux organismes au Cameroun.
Depuis quatre décennies, les bénévoles – parfois de génération en génération – se passent le relais pour entretenir, faire fructifier la parcelle mise à disposition par Mme Charasse dès 1985, puis donnée à l’association, et surtout pour « produire du raisin ». Au fil des ans aussi, ces bénévoles se sont adjoint des partenariats pour que les frais soient réduits à zéro, afin de reverser l’intégralité du chiffre d’affaires et du bénéfice, des 66 ares plantés et cultivés. Et ce n’est pas rien !
En 2023, 20 500 € ont été remis au CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim dans le monde) et au Secours catholique, et 16 800 € ont été envoyés au Cameroun pour le Centre de formation pour adultes de Jéricho et l’orphelinat La Belle Étoile.
Une chaîne de solidarité unique en son genre où les bénévoles, les viticulteurs, des maisons de champagne, entreprises viti-vinicoles, assureur, collectivité, banque, comptable, apportent chacun quelque chose au profit d’autres dans le besoin. « Les acteurs de la Champagne sont privilégiés, mais ils n’oublient pas les situations compliquées dans le monde.
Ensemble, soyons vigilants en n’oubliant personne sur le bord du chemin », pointe l’actuel président de l’association, Yann Brard, heureux de compter parmi les bénévoles des demandeurs d’asile en résidence temporaire à Bar-sur-Seine.
Un partage de connaissance
L’année à la Vigne du partage est rythmée par les différents travaux à effectuer ; à commencer par la taille, ô combien déterminante. Les prochains rendez-vous sont fixés aux 16 et 23 Mars. L’entretien de la parcelle, la tonte, l’ébourgeonnage, le palissage, le rognage, et bien sûr la vendange rassemblent des professionnels et des novices pour un partage de connaissances ainsi qu’un partage de convivialité, puisque chaque séance ne se conclut jamais sans une collation. Des viticulteurs assurent bénévolement les travaux mécaniques.
Le tout orchestré par Florent Douge, le chef de culture. « L’année 2023 n’a pas été si tranquille que cela, mais elle s’est bien terminée », a-t-il précisé lors de l’assemblée générale. « Une deuxième année exceptionnelle de suite », selon le président, et des dons en hausse conséquente, qui réjouissent les personnes engagées.
« Un état d’esprit »
La Vigne du partage, c’est la volonté de s’investir ensemble, de donner mais aussi de recevoir : c’est un état d’esprit en somme. « Nous faisons pour construire ensemble, pour faciliter la liberté des autres », disait l’abbé Lipp. Des voyages au Cameroun – à l’époque où cela était possible – et les témoignages en France, ont convaincu les Aubois du bien-fondé de cette association qui « donne du sens aux valeurs et convictions » des personnes qui y participent, comme l’a bien appuyé Yann Brard.
Tout le monde peut apporter son aide à la Vigne du partage qui fera découvrir sa bannière l’an prochain en célébrant 40 ans de générosité et d’amitié.
«Ensemble, soyons vigilants en n’oubliant personne sur le bord  du chemin»