Durant quatre jours, une vingtaine d’observateurs et experts internationaux ont parcouru la Champagne et travaillé à la préservation du patrimoine face aux bouleversements climatiques. L’occasion de réfléchir avec les acteurs champenois sur des solutions d’adaptation, et pour ces derniers, de bénéficier de regards neufs et internationaux sur la situation.
«Faire travailler  ensemble les gardiens  de sites comme nous»
La Mission coteaux, maisons et caves de Champagne a eu la chance, comme s’en réjouit Séverine Couvreur, la présidente, d’être le premier site français et européen à intégrer le programme « Preserving legacies – A future for our past » (Préservons les héritages : un avenir pour notre passé). Un programme porté par la National Geographic Society et l’Icomos, organisation internationale non gouvernementale qui œuvre à la conservation des monuments et des sites dans le monde.
Dans ce cadre, est prévu un partage d’outils et de connaissances pour élaborer des stratégies de protection des sites inscrits au patrimoine mondial. « Faire travailler ensemble les gardiens de sites comme nous, face au changement climatique », complète Amandine Crépin, la directrice de la Mission. « Leur faire prendre conscience que le dérèglement climatique est bien là, d’anticiper et d’évaluer nos outils », ajoute Séverine Couvreur.
La Côte des Bar, territoire le plus au sud de la Champagne
Outre les échanges autour de tables, de nombreuses visites de sites ont ponctué cet atelier (workshop) en Champagne entre le 7 et le 10 octobre, faisant suite à des rencontres, en juin à Reims, avec des universitaires, journalistes, communicants, artistes, et élèves aussi. Vendredi, la délégation internationale sillonnait la Côte des Bar.
La Côte des Bar n’a pas été choisie au hasard, car il s’agit du territoire le plus au sud de la Champagne. La première halte s’est faite au vignoble expérimental d’Essoyes, profitant d’une journée technique du Comité Champagne avec présentation de nouveaux matériels pour des vignes semi-larges qui pourraient être une des solutions. L’occasion d’admirer aussi, sous un beau soleil, les paysages aux couleurs automnales classés il y a tout juste dix ans, et de rencontrer divers acteurs locaux engagés vers le développement durable et la protection de la Champagne.
Direction ensuite Les Riceys, avec une dégustation de rosé dans les caves Morize, puis une fin de journée mémorable à la découverte des traditions, lors d’un chapitre de la Commanderie du Saulte Bouchon champenois. Un chapitre pas comme les autres pour introniser ces « gardiens de sites exceptionnels » issus d’Inde, d’Australie, États-Unis, de Nouvelle-Zélande, de Royaume-Uni, du Kenya et de… Vichy en France ; de nouveaux ambassadeurs du champagne désormais !
« Le patrimoine est le seul lien entre le passé, le présent et l’avenir. Il est un outil formidable pour alerter et sensibiliser face au dérèglement climatique. En Champagne, si nous perdons le vin qui fait notre identité, c’est une part de nous-mêmes qui disparaît », conclut Séverine Couvreur, qui voit là une grande chance de compléter les réflexions et mesures déjà lancées. Car bien évidemment, les Champenois ont déjà commencé à chercher des adaptations dont certaines ont été présentées lors de ces ateliers.

Photo ci-dessous : Une première halte au vignoble expérimental d’Essoyes où des tests sont menés qui pourraient répondre au changement climatique