« Le vin reste un des produits de l’agriculture les plus aboutis! »
Margot Ducancel sera présente aux restaurant Le Moussec, 1, rue Saint-Claude aux Riceys samedi à 11h et 15h et dimanche à 10h30 et 11h30.
Les Riceys. Margot Ducancel, alias « Rouge aux Lèvres », créatrice de contenus et figure incontournable du monde du vin français, sera présente sur la Route du Champagne en Fête 2025. Elle y animera plusieurs master classes. Elle a accepté de répondre à nos questions.
Margot Ducancel, alias « Rouge aux Lèvres », est une créatrice de contenus dédiée au vin sur Instagram. Elle est aujourd’hui devenue une figure incontournable du monde du vin français et a su s’imposer dans des salons œnologiques à Paris. Elle sera présente sur la Route du champagne en Fête 2025, au cours de laquelle elle animera quatre master class sur le thème : « Pourquoi le vignoble de la Côte des Bar est-il le nouvel eldorado champenois ? La réponse à découvrir à travers les trois appellations des Riceys : champagne, coteaux Champenois et Rosé des Riceys ». Elle a accepté de répondre à nos questions avant le jour J.
Vous serez aux Riceys pour animer plusieurs master class. Comment s’est faite cette animation ?
Je connaissais Les Riceys mais je n’y ai pas de connaissances. Mon métier étant d’animer et de proposer des master class, Cap’C m’a contactée. Mais je connaissais déjà la Côte des Bar et je suis déjà venue dans l’Aube.
On parle de vous comme de la première influenceuse sur le vin en France. Comment est né Rouge aux Lèvres ?
Rouge aux Lèvres est né il y a un peu plus de 5 ans. À l’origine, c’est un club 100 % féminin dédié au vin. Ensuite, il y a la partie événementiel avec des salons de professionnels et enfin le canal Instagram qui permet surtout d’échanger avec ma communauté.
Vous avez à l’origine une formation d’histoire de l’Art et vous êtes arrivée dans le vin suite à une erreur d’affectation dans une maison de ventes où vous vous êtes retrouvée aux grands crus et non aux peintures. Est-ce que cette erreur vous a fait prendre conscience que le vin était une forme d’art ?
Carrément ! J’ai fait une formation d’histoire de l’Art assez poussée mais tout ce qui est dégustation, testing… ça ressemble beaucoup à des analyses de tableaux, de techniques. Que ce soit la dégustation ou l’histoire d’un vigneron, mon métier c’est finalement de faire du story telling, trouver la particularité de chacun. Sortir du classique : nombre d’hectares, pinot noir, pinot blanc, etc. Trouver la particularité, le « petit truc » qui fait qu’un vigneron a son histoire. Il y a beaucoup de similitudes avec l’histoire de l’Art et le parcours d’un artiste. Le vin reste un des produits de l’agriculture les plus aboutis. Finalement, je n’ai pas trop perdu en arrivant dans ce domaine. Mais il a fallu travailler dur pour être crédible. Ça fait 15 ans que je suis dans le vin. Des gens m’ont pris sous leur aile mais il a fallu que je travaille beaucoup pour avoir un déclic et parler librement. Quand je suis arrivée dans le vin, je voulais devenir experte mais il y avait déjà beaucoup d’expertises très pointues. J’ai donc choisi d’aller vers la vulgarisation. Je reste sur le basique.
Le milieu de l’art est parfois vu comme très élitiste pour ne pas dire snob mais on peut dire la même chose du vin en fait ?
Le marché de l’art est un véritable marché financier avec beaucoup d’entre-soi et ça ne m’a pas plu. J’étais en décalage avec ça. C’est pour cela que j’ai pu m’éloigner de ce milieu où il y a beaucoup d’ego. Je ne me voyais pas trop évoluer là-dedans. Dans le vin, j’ai croisé des gens très passionnés et motivés avec l’envie de faire des choses. Des gens entiers, habités. La vigne, ça rend honnête. Ça a été le meilleur choix de ma vie ! Mais au début, c’était intimidant. C’est un milieu qui compte beaucoup d’hommes et je n’étais pas encore très à l’aise. Il faut avoir de la confiance en soi pour faire son trou. Mais si on est accompagné par les bonnes personnes, ça se passe bien. Il y a beaucoup d’entraide.
Justement, le vin a longtemps été considéré – et l’est sans doute encore – comme le domaine des hommes… Ça ne les a pas énervés de vous voir arriver ?
Non, il faut trouver la bonne tonalité. Au début, on m’a parfois regardée un peu de travers mais si on s’accroche et qu’on persévère, ça se passe bien. Aujourd’hui, je suis reconnue par la profession. On aime ou on n’aime pas ce que je fais, mais je le fais bien et même les plus sceptiques me respectent. Dès le début, j’ai placé le curseur, en refusant d’être sexualisée ou « girly ».
Mais rassurez nous, votre club s’adresse aux femmes mais les hommes auront le droit de participer aux Master Class ?
Oui (rires) ! Le club est réservé aux femmes mais un homme peut accompagner une membre. Ou alors, il paie plus cher. Mais les master class pour la Route du champagne ne sont pas liées au club mais à mon activité événementielle, donc cette règle du 100 % féminin ne s’applique pas du tout.
Rouge aux Lèvres revendique de parler de tous les vins, du plus petit aux grands crus. Est-ce qu’on arrive à démocratiser le vin ou est-ce qu’on en consomme de moins en moins ?
On consomme moins mais mieux. Cependant, la nouvelle génération n’est pas adepte du vin et c’est triste. On a perdu toute une génération parce qu’on a trop intellectualisé le vin. C’est la grande erreur de la filière qui est restée longtemps sur des choses très traditionnelles. C’est une vraie crise socioculturelle qui va durer. Il va falloir du temps pour restructurer la filière, ça va laisser des traces.
Les Riceys, c’est la patrie du champagne, mais lui aussi subit une forte concurrence de vins pétillants comme le prosecco ou les crémants…
Le Champagne c’est premium avec des bouteilles à presque 30 €. Les gens sont allés vers le Prosecco ou le Cava et les crémants se sont engouffrés dans le mouvement. Sans compter l’effet « spritz » qui a accentué le phénomène. Un Prosecco à l’apéro, ce n’est plus hors-jeu maintenant, et ça séduit parce que ça coûte 8 € et pas 30. Le Champagne avant coûtait 12 ou 14 € mais on a fait le choix d’aller vers le Premium. La qualité a augmenté, mais ça doit rester accessible.
Qu’allez-vous aborder lors des Master Class ?
Ce sera vraiment décomplexé. Très grand public. Il ne faut pas avoir peur de s’inscrire. On va rester sur le B.A.-BA sur les trois appellations. Et surtout le Rosé des Riceys ! Je suis contente de défendre le sujet parce que j’adore le Rosé des Riceys alors que ce n‘est pas connu. J’organise un événement qui s’appelle « La rosé Summer Party » consacré au vin rosé et tout un stand lui était dédié. Personne ne connaissait ! J’étais étonnée. Et c’est toujours intéressant de faire découvrir ces petits joyaux.