«Il est trop tôt pour évaluer quelle quantité de bois de vigne on peut récupérer dans la Côte des Bar, mais il y a un gros potentiel», estime Alexis Urbain.

Baroville. Depuis plus d’un an, la maison de champagne Urbain récupère le bois de vigne dans toute la Côte des Bar, pour le transformer en chauffage écolo et peu coûteux. On vous explique leur initiative en trois points.

Depuis plus d’un an, la maison de champagne Urbain, basée à Baroville, près de Bar-sur-Aube, récolte du bois de vigne pour le chauffage. Comment ça fonctionne ? On vous résume ce projet en trois points.

Quel type de bois est recyclé chez les viticulteurs ?

Le projet « Recycl’vignes » de la maison de champagne Urbain est né il y a un peu plus d’un an. « À titre personnel, je chauffe ma maison au fioul, raconte Alexis Urbain. Un jour, je me suis dit que ce serait une bonne idée de récupérer du bois et de le brûler, pour en faire du chauffage. On l’a proposé aux viticulteurs. Ils ont vite adhéré ! » Il suffit d’observer la parcelle, envahie de bois, pour s’en rendre compte.

« On a récupéré environ 2 800 m 3 de bois. Et ce n’était que la première année ! » Le recycler, c’est une façon de donner une deuxième vie à ce bois de vigne. « Ce qu’on récupère, c’est souvent du bois que les viticulteurs brûlaient au fond d’un champ ou d’un terrain. Ou qu’ils laissaient carrément pourrir pendant des années dans le fond d’un vallon… »
Il collecte auprès des viticulteurs et des maisons de champagne « des bois de vigne et des souches de vigne » , mais aussi des piquets de bois et des palettes, sous toutes les formes. « On leur demande de jouer le jeu, souligne Alexis Urbain. On est très vigilant sur ce qu’on recycle. S’il y a du fil de fer ou du piquet en fer, et que ça se mêle au bois dans la chaufferie, c’est la cata… » La matière ne doit pas non plus être trop sale. « En sachant que c’est un service gratuit, on ne peut pas passer trop de temps à nettoyer le bois et faire le tri. Ça doit être gagnant-gagnant. »

Sur quel territoire le projet s’étend t-il ?

Les vignerons de Baroville prônent une « démarche environnementale de A à Z ».

Ce qui signifie cycle court, un minimum de transport et une taxe carbone au plus bas. « Si on envoie le bois de nos vignes auboises à l’autre bout de la France, ça n’a pas de sens ! » La maison Urbain se limite donc à la Côte des Bar, où le projet a très vite séduit les producteurs du prestigieux breuvage à bulles. « Une dizaine de grandes maisons de champagne sont déjà associées au projet : Moet & Chandon, Drappier, Duval-Leroy…

Ainsi qu’une bonne cinquantaine de viticulteurs, au moins. En cette fin d’année, en un mois, on a déjà ramassé cinq hectares de bois de vigne ! Les entreprises de terrassement savent aussi ce qu’on fait désormais, et nous appellent d’elles-mêmes. »
Pour être encore plus éco-responsable, ils aimeraient trouver un équivalent dans le Barséquanais : « Chacun traiterait le bois de vigne à un bout de la Côte des Bar ».
Le bois ramassé cet hiver ne sera traité que l’été prochain, « pour laisser le temps au bois de bien sécher, et qu’il reste le moins de terre possible avant de l’envoyer en chaufferie ».

Du chauffage pour quel public ?

Le champagne Urbain recycle donc ce bois pour le transformer en chauffage – le premier broyage a eu lieu il y a une quinzaine de jours* – « industriel dans un premier temps, pour alimenter des chaudières de l’Aube et de départements limitrophes » (Marne, Côte-d’Or, Haute-Marne), avant d’envisager un service aux particuliers. « On va se rapprocher de la Ville de Bar-sur-Aube, la communauté de communes et de la cité scolaire Gaston-Bachelard, pour leur proposer un essai. Et pourquoi pas créer un partenariat. Qu’une ville comme Bar-sur-Aube se chauffe avec le bois des vignes aux alentours, ce serait un bon point sur le plan environnemental. » Mais les vignerons barovillais ne veulent pas mettre « le bouchon avant de remplir la bouteille ».

« Ce qu’on veut, surtout, c’est proposer du chauffage de qualité, peu cher – on sera entre 50 et 70 € par tonne de bois – et fiable. On ne veut pas tout révolutionner, bouleverser le fonctionnement des chaufferies et se faire déborder. Il ne faut pas être trop gourmands. On n’a pas la certitude d’amasser 3 000 m 3 de bois chaque année. On évoluera progressivement. »

* La maison Urbain recherche un site pour mettre le bois à l’abri, une fois broyé. « On a commandé de grosses bâches en attendant. »

En savoir plus…

Ils rêvent d’un point de collecte dans chaque commune viticole
« L’idéal, pour nous, expose Alexis Urbain, ce serait de pouvoir mettre en place des points de collecte dans toutes les communes viticoles (de la Côte des Bar), où n’importe qui pourrait déposer son bois (bois de vigne, souche de vigne, piquets de bois, palettes…..) On aurait juste à dispatcher les personnes intéressées vers le point le plus proche de chez elles, puis les récupérer. »
La maison de champagne Urbain étudie actuellement le projet avec Terroirs & Vignerons de Champagne. « On n’a pas besoin de terrains immenses, juste d’un lieu suffisamment grand pour que les gens puissent faire leur dépôt. »

 

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